C’est un drame humain que présente ce matin la direction d’Alcatel à ses salariés. Avec 900 suppressions de poste sur le territoire français, l’entreprise confirme ses nombreux déboires et surtout sa peine à s’installer sur un marché très concurrentiel.

Les problèmes de la marque ne datent pas d’hier, et voilà déjà plusieurs années que les observateurs avertis lui prédisent un avenir noir. Rien de surprenant donc, seulement la déception de ne pas avoir vu une solution trouvée.

Bien sûr, comme à chaque fois qu’une entreprise va mal, l’incompétence de ses dirigeants va être pointée du doigt. Et comme à chaque plan social, certes d’une tristesse infinie, les patrons voyous seront stigmatisés, faisons confiance aux syndicats pour cela. Faisons-leur confiance également pour penser à ne pas rappeler qu’ils ont refusé toute réorganisation depuis plusieurs mois. Chez Alcatel impossible de parler compétitivité, visiblement Renault n’a pas fait d’émules.

Non, c’est sûr, les syndicats ne perdront pas de temps à dire à leurs salariés combien ils n’ont rien fait pour arranger la situation. Ils préfèreront expliquer combien la direction s’est fourvoyée en erreurs, notamment en donnant trop grande priorité à un développement en Asie, finalement pas assez rapide. Il suffit de passer quelques secondes sur le web pour trouver tous les conseils de gestion avisés des syndicats, qui plutôt que de proposer une démarche constructive de partage desdits conseils ont choisi la grève pour protester contre « les difficultés d’Alcatel à remporter des appels d’offres ».

Y a-t-il une seule personne en France qui peut expliquer qu’un jour une grève a aidé une entreprise en difficulté à s’en sortir ?

En campant sur leurs positions et en maintenant une lutte des classes pourtant insensée au vu du climat économique général, patrons et syndicats creusent leur propre tombe, et surtout celle de leur entreprise. Les chefs d’entreprise doivent communiquer plus, écouter aussi : parfois les bonnes idées viennent « d’en bas ». Les syndicats doivent arrêter de s’opposer sans cesse à toute mesure. Bloquer ne résout rien, c’est une attitude puérile. Faire grève quand une boîte est au bord du dépôt de bilan, c’est un suicide.

Aujourd’hui, les patrons d’Alcatel seront des voyous incompétents, parce que 900 personnes vont perdre leur travail. Demain, une grande entreprise annoncera des bénéfices records. Alors il sera dit partout que ses dirigeants sont des sales types qui s’en mettent plein les poches sur le dos de leurs « ouvriers ». Finalement, les patrons ont un peu toujours tort, non ?

Julien Leclercq est chef d’entreprise. Il dirige Com’Presse, une PME de 45 salariés située dans le Sud-Ouest. Il publie en 2013 « Chronique d’un salaud de patron – Bienvenue dans la vraie vie d’un patron de PME », aux Editions les Cavaliers de l’orage. Il est également bloggeur : www.salauddepatron.fr