SDP CCI RennesInvité par la CGPME d’Ille-et-Vilaine, j’étais mercredi 12 février à la CCI Rennes devant un parterre essentiellement composé de chefs d’entreprise. Comme à chaque fois, les échanges furent riches en anecdotes croustillantes…

Répondant à l’une des questions de la journaliste chargée d’animer la soirée, me voilà en train d’expliquer comment nous avons sauvé l’agence de la crise en 2009. J’aborde donc entre autres l’idée peu commune que nous avons eue de faire appel à des organismes de crédit.

Petit rappel pour ceux qui n’auraient pas lu le livre (il n’est jamais trop tard !) : Menacés par une trésorerie qui atteignait des profondeurs abyssales, nous avions besoin de trouver 200 000 euros très rapidement. Personne n’ayant cette somme sur son compte, nous décidâmes de faire un tour de table familial et de demander à dix personnes de mettre 20 000 euros chacun. N’ayant pas non plus cette somme en poche, je pris mon téléphone et contactai le petit bonhomme vert et ses copains.

– Allô, bonjour, je viens de me marier et aurais besoin de 20 000 euros pour partir en voyage de noces.

– Bonjour, c’est un joli voyage de noces que vous allez faire !

– Oui évidemment ! Il faut ce qu’il faut !

– Vous avez d’autres crédits ?

– Oula, non, pensez-vous (à peine un prêt immobilier sur 25 ans, mais ça mon interlocutrice ne le sut jamais).

Agréablement surpris par l’accueil positif reçu, je réitérai l’expérience avec un concurrent. Quinze jours plus tard, je reçus 40 000 euros sur mon compte en banque pour « partir en voyage de noces ». Dans la mesure où j’étais déjà parti quelques mois plus tôt en Bretagne (au grand dam de mon épouse), je transférai en réalité cette somme sur le compte de ma boîte. Après tout, sauver 30 emplois, c’est un peu plus important que de faire un tour du monde. Enfin à mon sens.

Pour terminer cette anecdote, je soumets à mon public rennais l’hypothèse suivante : « je pense que si j’avais demandé 40 000 euros pour sauver une boîte au bord du dépôt de bilan, je ne les aurais pas eus ».

Habituellement l’auditoire se contente de rire et d’acquiescer. Là, une main s’est levée dans l’assistance.

Désormais je pourrai raconter l’histoire d’Emmanuelle plutôt que d’émettre cette supposition. Femme de chef d’entreprise, elle partageait avec lui l’inquiétude de voir la petite boîte aller bien mal. Elle eut la même idée que moi, et appela les mêmes organismes que moi. A la différence près qu’elle fût transparente dans sa démarche.

– Bonjour, j’aurais besoin de 10 000 euros pour sauver une entreprise et les emplois qui vont avec.

– Vous devriez appeler votre banque

– Je l’ai déjà fait, si je vous appelle c’est qu’ils ont dit non.

– Oula… Je vais demander à mon chef.

Quelques minutes plus tard, la sentence tomba :

– Madame, ça ne vas pas être possible. Ca aurait été pour partir en vacances je ne dis pas mais là… Vous auriez dû nous dire que c’était pour acheter une voiture ».

Que dit le célèbre proverbe français déjà ? Ah oui : « Toute vérité n’est pas bonne à dire ». Les allemands en ont un autre, tout aussi éloquent : « Toutes sortes de gens disent la vérité : les sots, les enfants et les ivrognes ».