Difficile de ne pas rire en imaginant à quoi vont ressembler les journées du secrétariat de notre Premier Ministre. En obligeant ses ministres à lui demander la permission avant toute intervention devant la presse, Jean-Marc Ayrault promet en effet quelques nuits sans sommeil à son responsable de la communication. Et fait rire toute la France, sans grande distinction politique. Car la question mérite d’être posée : y a t-il quelqu’un pour croire que c’est une bonne idée ?

Demandez aux profs : les enfants se lassent vite de devoir lever le doigt pour avoir le droit de parler… Il y a des chances qu’il en soit de même pour des personnalités politiques plutôt habituées à enchaîner les plateaux de télé qu’à jouer au roi du silence. Impossible d’ailleurs de leur en vouloir : la première mission d’un ministre n’est-elle pas de représenter l’Etat ? Cadenasser leur exposition médiatique est évidemment une hérésie absolue, totalement incompatible avec la fonction qu’ils occupent. Il y a fort à parier d’ailleurs que le Premier Ministre n’envisage pas une seconde d’obliger ses sous-fifres à refuser des interviews (imaginez la tête de Manuel Valls !), il va donc juste passer son temps à dire oui à tout le monde et perdre un peu plus de sa crédibilité.

Que l’on se rassure, comme chacun sait il est interdit de travailler le dimanche en France, Jean-Marc Ayrault ne sera donc ridicule que six jours sur sept.

Il est indéniable qu’il y a une certaine cacophonie dans ce gouvernement depuis quelques semaines… que dis-je, quelques mois. Et les dérapages sur les Roms ne servent clairement pas les intérêts du Parti Socialiste aussi près d’une échéance électorale. Mais en voulant faire bonne figure en nous donnant un simulacre de fermeté, Hollande et son meilleur copain font au contraire preuve d’une grande faiblesse. Car lorsque l’on n’a plus suffisamment confiance en un ministre au point d’encadrer ses prises de paroles, on ne le punit pas comme un enfant. On le met dehors, tout simplement.

Après avoir passé trois jours très en colère devant la stupidité de ceux qui veulent empêcher de créer des emplois le dimanche et le soir, nous passerons la fin de la semaine à rigoler. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce quinquennat est riche en émotions.

Trève de plaisanteries, il y a au moins une bonne nouvelle dans tout ça : le chef du gouvernement vient – enfin – de trouver une mesure qui va créer de l’emploi. Car, oui, il va y avoir besoin de beaucoup de monde au standard de Matignon.

Julien Leclercq

 

A 31 ans, Julien Leclercq est chef d’entreprise, il dirige une PME de 48 salariés. Il tient le blog www.salauddepatron.fr, et a publié Chronique d’un salaud de patron (Ed. Les Cavaliers de l’orage, 2013). Histoire de défendre l’entrepreneuriat « autrement ». Par la voix et l’expérience d’un patron de PME, voix que l’on entend bien trop rarement et qui représentent pourtant 99,9% des entreprises françaises.