Chère CGT,

Je me permets de te tutoyer tant ces derniers jours j’ai l’impression de vivre avec toi. On se couche ensemble, on se lève ensemble, on mange ensemble… impossible d’ouvrir un média sans apercevoir ton drapeau rouge flotter fièrement à côté de pneus brûlés ou de pancartes anti-patrons. Il faut dire que ces derniers mois ont été riches pour toi ! Tu as vilipendé les chefs d’entreprise avec une violence rare, ou en tout cas retrouvée (comme tu dois être fière : tour à tour tu as voulu les « virer », les « exploser », et même les « pendre », pour reprendre les termes d’images désormais célèbres, tout ça autour d’une loi travail qui au final ne changera pas grand-chose pour personne). Il est loin le temps où tu devais faire face au scandale de travaux exorbitants réalisés dans l’appartement de fonction de ton ex-secrétaire général (viré, soit dit en passant, le 6 janvier 2015, jour de Charlie Hebdo, bien vu !), ou celui où tu faisais fermer des magasins contre l’avis unanime des salariés et des dirigeants qui y travaillaient. Oui, bien loin tout ça ! Désormais tu bloques des raffineries et brûle des pneus au milieu de la rue (pas bien écolo tout ça), le tout dans un climat délétère ultra violent, sur fond de policiers tabassés.

Chère CGT, je n’espère même pas te faire entendre raison et te convaincre que les positions caricaturales qui sont souvent les tiennes sont d’un autre temps. Mais quand même. Ne te rends-tu pas compte que le « patronat » a évolué ? Ne te rends-tu pas compte que les entrepreneurs auxquels tu t’adresses sont, pour 99,9% d’entre eux, des patrons de PME ? Ne crois-tu pas que tu devrais te renseigner (ou au moins te mettre à jour) sur ce qu’est la réalité de ces PME, que tu ne connais plus puisque tu ne représentes qu’1 à 2% des salariés ? Ne te rends-tu pas compte du mal que tu fais lorsque tu racontes à notre jeunesse que le travail est une souffrance ? Ne te rends-tu pas compte que tu vis sur une autre planète quand tu affirmes que les chefs d’entreprise sont des esclavagistes ? Ne te rends-tu pas compte, en fait, que la France n’est pas le Bangladesh et que ce n’est pas parce qu’il y a quelques groupes dans lesquels il existe une vraie souffrance qu’elle est le quotidien de la majorité des entreprises ? Ne penses-tu pas, au moins dans un coin de ta tête, que si on « vire » les patrons, il n’y a plus d’entreprises et plus de travail pour personne ? Ne crois-tu pas que vouloir « pendre » une catégorie de population est un propos inadmissible ?

Chère CGT, je n’espère pas te faire comprendre en quelques lignes combien tu es archaïque est dépassée. Mais, s’il te plaît… S’il est possible que tu retiennes une chose dans ce que je t’écris ici, je t’en prie retiens celle-ci : nous sommes en 2016, époque formidable qui met à ta disposition des milliers de façons de communiquer efficacement et de faire parler de toi (même en mal puisque tu sembles y tenir absolument). Nous sommes en 2016. Et en 2016, il existe beaucoup, beaucoup d’autre moyens pour faire entendre sa voix que celui que tu as choisi : emmerder le monde, absolument tout le monde.

Merci pour ta compréhension.