Madame la ministre,

On peut dire que votre nomination arrive dans un contexte explosif. Comme vos prédécesseurs, vous êtes jetée dans la fosse aux lions, celle des partenaires sociaux qui se tirent la bourre sans cesse, sans parvenir à de vrais consensus, dans un monde où la lutte des classes devrait pourtant apparaître comme parfaitement désuète. Mais en plus, vous l’êtes alors que l’on apprend qu’il y a près de 50000 emplois illégaux au sein d’un Etat qui se veut exemplaire. C’est fort !

Inverser la courbe du chômage : le défi qu’on vous lance n’a pas d’égal. Tous s’y sont cassés les dents depuis trois ans. Pourtant, vous dites sur votre compte twitter prendre la mesure de la tâche qui vous incombe.

La première chose que moi, entrepreneur, pour paraphraser celui qui vous a nommée, j’ai envie de vous demander, c’est de faire confiance aux entrepreneurs, à ces milliers de patrons de TPE et de PME qui maillent le territoire français. Nous créons les emplois, nous les pérennisons. Car nous aimons nos entreprises, nous aimons nos salariés, nous aimons la France.

Mais nous avons besoin que vous, Madame la ministre, au pouvoir, vous nous aimiez aussi. Que vous nous aimiez et que vous nous fassiez confiance.

Lors de l’Université d’été du Medef, votre collègue de Bercy a annoncé que nous avions les preuves d’amour promises par le Premier ministre un an auparavant. Or les strates de réformes, de décrets et de projets de lois tricotés puis détricotés tout au long de l’année nous permettent d’en douter.

Nous œuvrons dans un monde qui bouge, jonglons sans cesse avec les carnets de commandes, nous nous arrangeons des modifications législatives pour continuer de créer des emplois et sauvegarder ceux que nous avons déjà créés auparavant. On dit que l’un de vos premiers chantiers sera la réforme du Code du travail. Je vous en supplie, Madame la ministre, ne prenez pas à la lettre les propos de l’un de vos prédécesseurs. Ne vous arrêtez pas à l’impression en plus petits caractères du Code. Simplifiez. Simplifiez. Simplifiez. Et vous créerez des emplois.

Si nous n’embauchons pas, c’est pour deux raisons : par manque d’argent et peur du Code du travail. Nous, entrepreneurs, sommes avant tout des experts de notre métier, des professionnels de notre secteur d’activité. Pas des avocats en droit social.

Connaissez-vous, Madame la ministre, beaucoup d’entrepreneurs ayant créé leur entreprise parce qu’ils étaient des professionnels du Code du travail ? Moi, non. En revanche, je connais de nombreux dirigeants de petites entreprises qui ont fini par arrêter leur activité – et licencier leurs salariés – parce qu’ils avaient fait une erreur, oublié une virgule ou un point dans un contrat de travail et qu’ils l’ont payé cher.

Aujourd’hui, toutes les PME de notre territoire, malgré leur bonne foi, commettent quotidiennement des bourdes, s’exposant du même coup, aux foudres des Conseils prudhomaux avant d’aller à la barre des tribunaux de commerce déposer les armes. Votre confrère a entamé la réforme de l’institution, mais il y a encore du travail à faire. La preuve aujourd’hui : même l’Etat, garant du système et du travail commet des erreurs grossières.

Je me répète, Madame la ministre, mais s’il vous plaît, simplifiez, simplifiez, simplifiez et vous créerez des emplois.

Julien Leclercq.