François Hollande continue à promettre à chacune de ses interventions une inversion de la courbe du chômage d’ici la fin de l’année. Tous les indicateurs semblent pourtant indiquer clairement que cet espoir est utopique.

Les entreprises ont aujourd’hui un énorme problème de visibilité. Leur carnet de commande se remplit de plus en tard, et il est chaque jour plus difficile que la veille de faire des prévisions. Pour reprendre l’expression d’une des membres du Medef que j’ai croisée récemment : « les PME sont en plein brouillard ». Or, au vu de l’inflexibilité du droit du travail, cette confiance en l’avenir est indispensable pour oser créer de l’emploi. Comment en effet imaginer embaucher quelqu’un en CDI si on n’est pas sûr d’avoir du boulot pour lui dans trois mois ?

Les chiffres sont clairs et limpides : les investissements des entreprises sont en berne. Comme les investissements provenant de l’étranger d’ailleurs. Preuve, là aussi, d’une grave crise de confiance. Sans doute le gouvernement ne fait qu’hériter d’une situation générale catastrophique. Mais sa responsabilité est désormais de tout faire pour rendre le climat plus propice à la création d’activité, au risque, au développement.

C’est indéniable, le discours du Président et de ses sous-fifres a changé ces derniers mois, les patrons ne sont plus vraiment les pestiférés qu’ils semblaient être en début de mandat. Néanmoins, les mots ne suffisent pas, et il faut des mesures fortes. Bien plus qu’un contrat génération qui offre 4000 euros par an pour créer un emploi (quel dommage monsieur le Président, pourquoi n’êtes-vous pas allé au bout de votre promesse de campagne ?). Bien plus aussi qu’un crédit compétitivité certes bienvenu pour nos trésoreries fragiles mais pour lequel nous n’avons reçu aucune assurance quant à sa pérennité. Aidez-nous, aidez les PME, aidez les entreprises à y voir plus clair. Le talent, le courage, la ténacité des gens qui y travaillent fera le reste.

Il n’y a que deux pistes de travail possibles pour relancer l’emploi en France sans attendre que la dynamique vienne d’ailleurs : diminuer le coût du travail, et assouplir le droit du travail. Ce n’est pas un discours politique que de dire cela, c’est une réponse logique à la situation que traversent actuellement les premiers acteurs qui font l’emploi : les sociétés.

« Le temps des mesures fortes est venu ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jean-Marc Ayrault, et c’était le 6 novembre 2012. Il y a presque huit mois.

Julien Leclercq, journaliste, directeur général de l’agence Com’Presse. Bloggeur (www.salauddepatron.fr) et auteur de Chronique d’un salaud de patron (Ed. Les Cavaliers de l’orage, juin 2013). Membre du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprises).