J’ai d’abord cru à un article du Gorafi. Mais non, l’info est bien à prendre au premier degré. En plein débat sur l’emploi, alors que les prévisions de croissance doivent être revues à la baisse, alors que le chômage regagne du terrain… on envisage de faire prendre en charge les arrêts maladie par les entreprises.

Pour réduire le trou de la sécu, le gouvernement étudierait en effet l’hypothèse de faire prendre en charge les arrêts de moins de huit jours directement par les employeurs. « Tout doit être étudié, sans œillères », nous assènent les parlementaires de la majorité. Certes, l’argument s’entend. Je répondrais que l’on peut malgré tout gagner du temps en évitant d’en perdre avec des idées totalement stupides.

Les arrêts maladie coûtent cher à la sécurité sociale, c’est un fait. Que ce coût soit imputé à l’entreprise, une aberration.

D’abord parce que la première donnée à prendre en considération c’est que les entreprises sont plutôt de bons élèves en la matière : il y a sept fois moins d’arrêt dans les Pme qu’au sein des collectivités locales. Ce n’est donc pas ces accusés-là qu’il faut montrer du doigt.

Ensuite et surtout parce que la vraie gangrène pour la sécurité sociale ce sont les arrêts abusifs dispensés par des généralistes. Combien de fois, en tant que patient, a-t-on entendu « je vous mets quoi ? Une semaine ? Deux ? » de la bouche d’un médecin. Quinze jours pour une angine, trois pour un doigt coincé dans une porte. J’ai vu une salariée être arrêtée un mois pour aller voir son amant, un autre trop malade pour aller servir des bières dans le bar où il travaillait mais pas assez pour aller en boire (dans le même bar, au grand dam de son patron). Au risque de tomber dans la caricature, je raconterais aussi le cas de cette femme arrêtée trois semaines pour avoir glissé… sur un petit pois (c’est écrit noir sur blanc). Ou de cet homme soudainement malade le lendemain du jour où on lui a refusé une augmentation.

Les médecins ont-ils vraiment le choix, répondront-ils. A raison, sans doute. Car combien de fois a-t-on également entendu « l’enfoiré, il m’a pas filé d’arrêt, je vais aller en voir un autre ».

Alors oui, vite : regardons de plus près le sujet des arrêts maladie, à l’heure où plus que jamais l’Etat a besoin de faire des économies. Mais pas par ce biais-là, que rien ne saurait justifier. Car ces arrêts de complaisance, ils sont très lourds pour tout le monde. Aussi bien pour l’état que pour les employeurs, sans oublier les collaborateurs des personnes concernées, obligés le plus souvent de faire face à une surcharge de travail.