Elles avaient été l’étincelle qui avait provoqué l’occupation de tous les ronds-points de France pendant des mois : les hausses du prix de l’énergie atteignent aujourd’hui de sommets et font fort logiquement l’actualité des médias. Gaz, électricité, pétrole… tout flambe en même temps, l’atteinte au portefeuille des Français est d’une rare violence, provoquant d’ailleurs la réapparition pour le moment timide de quelques gilets jaunes. Forcément, en cette année préélectorale, tout le monde cherche des solutions et chacun propose les siennes pour exister dans les médias. Et tant pis si celles-ci sont stupides.

Depuis quelques jours, une idée qui ne brille pas par son originalité fait son chemin : Et si on faisait payer les patrons. Une formulation à la limite du pavlovien dès qu’il y a un sujet lié au pouvoir d’achat dans notre pays. Logique, après tout : nous savons tous que les patrons croulent sous l’argent. Alors quand on cherche de quoi se renflouer, pourquoi se priver de faire cracher ces profiteurs au bassinet ?

Il y a les fausses bonnes idées, des idées de bon sens qui ne résistent pas à une analyse approfondie. Et puis il y a les vraies mauvaises idées, complètement stupides. En voilà un bel exemple.

Complètement stupide et oh combien démago dans le formulation d’abord, formulation largement entendue ces derniers jours dans les émissions de radio qui traitent le sujet. Ce ne sont pas les patrons qui seraient appelés à payer mais les entreprises. Il convient visiblement de rappeler la nuance, qui veut que les deux comptes en banques ne soient pas les mêmes.

Il y a le non-sens écologique ensuite. L’urgence est climatique, avant toute chose, et cette urgence ne peut-être mise de côté pour des raisons électoralistes. Je ne reviens pas sur les derniers rapports du GIEC, dont tout le monde connait à peu près la teneur. Il serait totalement aberrant dans ces conditions d’inventer une nouvelle mesure – contraignante et fort couteuse pour les entreprises qui sont, faut-il le rappeler, en sortie de crise – qui encouragerait au mode de transport le moins respectueux de l’environnement !

Quitte à inventer de nouvelles taxes ou obligations de payer, qu’elles aient au moins un sens pour la société ! Qu’elles encouragent au contraire à prendre encore moins nos véhicules personnels et opter de plus en plus pour les transports en commun.

Ah mais oui, c’est vrai : cela nécessiterait d’accélérer à vitesse grand V sur une meilleure couverture du territoire en matière de transports en commun, l’offre restant très limitée lorsque l’on n’habite pas dans une grande métropole. Alors c’est sûr… c’est plus facile de « faire payer les patrons ».