C’était il y a déjà un an et demi. Après nous avoir expliqué que les masques étaient inutiles lorsque la pandémie COVID a débarqué en France, le gouvernement rétropédalait finalement quelques semaines plus tard. Les masques devenaient au contraire l’accessoire indispensable qui n’allait plus nous quitter… Souci, qui expliquait d’ailleurs la première position de nos ministres : de masques, nous n’en avions pas sur le territoire français.
C’est à ce moment-là que nous prenons plus que jamais tous conscience de notre dépendance vis-à-vis de pays comme la Chine et l’Inde. Pendant de longues semaines, il est quasi impossible de s’équiper. Ce manque d’anticipation d’un scénario pourtant dessiné par de nombreux observateurs est peu à peu compensé par un véritable système D qui fait son apparition, porté entre autres par de nombreuses entreprises qui changent d’activité. Celles qui le peuvent confectionnent des masques en tissu, d’autres des respirateurs ou du gel hydroalcoolique. Les acteurs solidaires s’organisent. Pour aider nos soignants. Pour sauver des vies.
Parmi eux, la Coop des Masques, qui fédère les acteurs économiques et toutes les structures concernées autour d’un projet commun : relancer en Bretagne la fabrication de masques chirurgicaux et FFP2 homologués et certifiés à destination de tous les professionnels qui en ont absolument besoin pour sécuriser et relocaliser la production de matériels de protection.
Aujourd’hui, nous apprenons que cette coopérative, en grande difficulté financière, doit écouler un stock de six millions de masques pour retrouver un peu de trésorerie et échapper, pour un temps encore, au dépôt de bilan. En cause ? Les achats, qui continuent à 98% à se concentrer vers l’Asie et ses bas prix, malgré les déclarations d’intention et les discours volontaristes portant sur la relocalisation, la réindustrialisation, le Made in France… On préfère acheter moins cher que local. Choisir l’économie directe qu’une solution évidemment plus pérenne sur le long terme. Rien n’a changé.
La règle aujourd’hui est donc de nouveau celle d’hier : celle du moins-disant sur le plan économique et social. Si nous continuons à persévérer dans cette voie sans tenir compte de cette leçon donnée par l’épidémie, ne soyons pas surpris par les turpitudes que nous devrons affronter à l’avenir.
L’Etat a clairement pris ses responsabilités économiques depuis dix-huit mois ? Comment comprendre que cet acheteur essentiel continue alors à choisir d’importer des produits que nous savons fabriquer en France ?
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