Le 29 avril dernier, François Hollande faisait un discours remarqué en clôtures des Assises de l’entrepreneuriat, lancées par Fleur Pellerin. Il y prenait un certain nombre d’engagements, destinés à rebooster la croissance et à lutter contre le chômage, mais également à faire remonter sa côte d’amour auprès des chefs d’entreprises, pas très gâtés depuis un an (et plus, il faut le dire).
Au cœur des idées du Président : les jeunes, qu’il veut encourager à créer eux-mêmes leur emploi, puisque le marché du travail semble de moins en moins leur en proposer. Laissons le cynisme de côté, et applaudissons des deux mains la volonté affichée du gouvernement de stimuler à la fois la créativité des futurs patrons et leur envie de prendre des risques.

Oui il faut aller à la recherche des talents de demain, et oui il faut leur simplifier au maximum les démarches à effectuer pour se lancer. C’est une belle idée d’envisager de créer une discipline dédiée au collège ou au lycée, comme il serait bien de développer d’autres matières au moins aussi liées à la vie qui attend nos enfants à la sortie de l’école : nutrition, sauvegarde de la planète, numérique…

Mais il ne faudra pas en rester là. Pour donner envie aux jeunes de créer leur entreprise, ajouter une matière à leur agenda déjà très chargé ne suffira pas, et pourrait même être contre-productif. Les adolescents, puis les jeunes adultes, ont besoin d’exemples pour se projeter. Des gens en qui ils se reconnaîtront, à qui ils auront envie de ressembler. Ou de belles histoires qu’ils auront envie de vivre eux aussi. Il serait sain que les chefs d’entreprise fassent à leur tour rêver, et prennent une partie de la place qu’occupent aujourd’hui les footballeurs, chanteurs, humoristes… dans l’esprit de nos jeunes. Car oui, le jour où les créateurs d’emplois feront rêver les français plutôt que l’inverse, alors nul doute que les belles initiatives fleuriront un peu partout et stimuleront croissance et emploi.

C’est quasiment une évolution philosophique dont nous avons besoin aujourd’hui. Prenons le temps de raconter de belles histoires, les « success stories ». Pas seulement d’un point de vue financier, mais aussi idéologique, moral. Mettons en avant les patrons qui ont réussi, par leurs idées ou le respect de certaines valeurs, à améliorer le quotidien de leurs salariés. Qui a envie de devenir patron, de prendre les responsabilités qui vont avec, de faire une croix sur tant de moments en famille… si en plus c’est pour être mal vu ?

Bravo M. le Président, pour les intentions affichées. Vivement demain, que nous puissions voir à quoi cela ressemblera concrètement « stimuler l’esprit d’entreprise et mobiliser tous les talents ». Pour le moment, je reste curieux, pour ne pas dire sceptique. Que voulez-vous, au fil des années on devient méfiant, nous aussi.