En rendant public le patrimoine de ses ministres, le gouvernement a voulu jouer le jeu, compréhensible et louable, de la transparence. Mais, au-delà du ridicule de certaines précisions (est-il nécessaire de savoir que Jean-Marc Ayrault a 60 euros sur un compte à la caisse d’épargne ?), cela ne créé t-il pas un amalgame dans nos esprits ? Avoir un patrimoine bien garni signifie être rangé dans la catégorie « Cahuzac », comme le montre les commentaires qui ont accueilli la publication de Michèle Delaunay, ministre des personnes âgées.
Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des Femmes, apparemment bonne dernière de la classe (car avec le plus petit patrimoine), était assez fière de n’avoir pas grand-chose à déclarer. On peut la comprendre au vu des raccourcis qui sont désormais faits quant à la Mme Delaunay. Mais est-il normal d’être fier de n’être pas riche, lorsqu’on est à ce niveau de responsabilité ?
Le mensonge de Jérôme Cahuzac est choquant. Que le ministre de la fraude fiscale (pardonnez-moi ce raccourci) soit coupable justement de fraude fiscale alors qu’il arpentait la France pour rappeler à tous qu’il y a de gros efforts collectifs à faire, c’est franchement fort de café. Je m’arrêterai là, il se fait déjà taper dessus par tout le monde, et comme toujours dans ces cas-là lorsque la vindicte populaire s’acharne unanimement sur quelqu’un je suis un peu mal à l’aise. Après tout, il n’est pas non plus un assassin d’enfants.

Oui ce mensonge est choquant, et il confirme une grave crise de confiance des français envers leurs représentants politiques. Loin d’être nouvelle ceci étant. Et oui, bien sûr, il fallait réagir. Mais en choisissant cette réponse, le gouvernement savait très bien que les plus riches de ses membres allaient être stigmatisés. Ce voyeurisme, à mon sens peu utile (j’adore la phrase Cohn-Bendit sur le sujet : « Je ne dis pas que ça n’est pas une bonne chose, je dis que ça ne sert à rien), cloue une fois de plus au pilori ceux qui ont réussi.

On retiendra pour finir la déclaration de Michèle Delaunay, très émue, qui regrette de « devoir transformer toute une vie en éléments financiers ».

Ce n’est que mon avis, bien sûr, mais je le répète : ce n’est pas en tirant vers le bas que nous améliorerons nos conditions de vie, mais bien en regardant avec envie vers le haut. Evidemment – vous commencez à me connaître désormais – ce n’est pas seulement d’argent que je parle. Loin de là.